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L'Histoire De Tétouan
LA NAISSANCE DE LA VILLE

 

L’histoire tétounaise ne commence véritablement qu’à partir des refondateurs. Ces derniers originaires du Royaume de Grenade, s’embarque dans les petits ports d’Al-Andalus autour de 1484-1485. En 1492 chute Grenade dont Tétouan se dira parfois la fille. L’âge héroïque de la recréation  
peut se répartir en quelques tableaux, reflets des siècles historiques.

Le premier siècle tétouanais franchit, lui aussi les limites chronologiques. Il va donc de 1484 à 1597, par trois séries de faits :   le fait politique,  
le fait commercial, et le fait culturel. C’est bien là une des particularités de cette ville si spécifique, si attachante , que chaque fois ces trois éléments concourent à définir un moment de son histoire.

Le fait politique:

 

Le temps politique, est celui de l’arrivée de ces  
musulmans qui, pour préserver leur foi, fuirent Al-Andalus. Les Moudejars arrivent par petits groupes et, parmi eux, Abou Hassan Ali El-Mandri,  véritable refondateur de la cité. Natif de Ronda, il débarque avec 56 compagnons, quarante hommes et une quinzaines de femmes, dans un pays qui ne lui est pas tellement  
favorable. En effet les tribus rifaines ne voient pas d’un œil bienveillant ceux qu’elles considèrent un peu comme des intrus. Mais il possède des atouts. Il bénéficies de l’appuis du chef de Chaouen Rachid, qui d’ailleurs mourra la même année que lui, en 1511 , ainsi que du renfort d’autres Moudejars venus de Ronda,  
de Baza, de Motril et des petits villages du sud. Il constitue ainsi autour de lui, avec cette aide, un groupe solide de forts croyants, les résistants de la foi.

Ce Djihad est une résistance en soi, une résistance vis à vis de soi même et de ses impulsions, vis à vis de la vie et, évidemment des ennemis de la religion. Il réussit ainsi à recréer véritablement cette bourgade, cette petite ville. Son fils lui succède, puis son petit-fils, marié à Saïda El-Horra, fille de Rachid de Chaouen, lien qui marque bien l’union de ces  
Andalous Moudejars. Saïda régna elle-même, à la demande des notables, sur la ville de 1537 à 1542. Et voilà déjà établis quelques uns de ces éléments qui vont perdurer et qui vont constituer un de ces esprits lieux évoqués plus haut.

L’influence d’Al-Andalus restera prégnante dans les consciences, dans l’esprit, le rapport plus au moins conflictuel avec les  
rifains, les relations ambiguës avec l’Europe d’une part, et peut-être plus important encore, ce rôle dominant des dynasties locales, ces gouvernements semi-autonomes qui vont être la caractéristique de cette Cité-Etat que Tétouan  
est.

Après le gouvernement de ces trois ou quatre Mandarides, il y aura les Naqsis, puis les Rifis et, à un degré moindre, les Achach. Et, fait remarquable, ces maîtresse de la ville, auront à peu près la même durée d’elles va s’imposer entre 60 et 70 ans à travers l’histoire.

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Le fait commercial:

Le pouvoir, c’est aussi l’économie. Elle est liée à ces techniques que les Andalous apportent de leur pays natal. Elle est due aussi au développement assez remarquable de la course, c’est à dire de ce que l’on a appelé autrefois le Djihad maritime. La course, terme plus simple, désigne une opération licite pour les marines du temps. Et toutes les marines de tous les pays se livrent à cette poursuite de l’ennemi qui est liée à la fois à des raison religieuses, à des raisons commerciales ; car s’emparer des navires, c’est s’emparer des richesses. C’est surtout s’emparer d’esclaves qui sont, de part et d’autre de la Méditerranée, La véritable richesse, le véritable enjeu de  
cette lutte sur mer.

Et les nouveaux maîtres du nouveau Tétouan deviennent  
très vite experts en la matière, et ce d’autant plus que, finalement, dans l’évolution du Maroc et même de Méditerranée, toutes les places et tous les ports du nord sont tombés aux mains des chrétiens, que ce soit de la Maàmora jusqu’à Tanger, Larache, Ceuta. La véritable port important, est donc Tétouan. Fait qui mérite d’être souligné, car voyant la ville d’aujourd’hui, si loin somme toute de la mer, sans port, et n’ayant de lamer que des souvenirs ou des espérances de plage, il est difficile d’imaginer que ce fut un grand port, voir le principal port marocain à un certain moment.

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Le fait culturel:

Et ainsi se trouve accumulée une prospérité qui se lit dans l’architecture de la ville. La cité est désormais fortifiée avec une double enceinte, trois portes, avec Casbah au sud-ouest ; et quelques restes subsistent de tout cet appareil du XVIème siècle. Et l’on peut ainsi, en se promenant dans la ville retrouver en quelques sorte les échos des travaux des premiers  
fondateurs. Par contre, les matmores, ces caves dans lesquelles étaient entassés les esclaves, ont disparu.

Ces esclaves furent pendant près d’un siècle, plus de trois mille. Ils avaient leur siège dans cette géhenne des profondeurs où il y avait une chapelle chrétienne, décrite en 1921 et dont quelques illustrations demeurent. Mais ces matmores, ces souterrains qui traversaient la ville de part en part , d’est en ouest, furent comblés et ainsi enlevés à l’étude des chercheurs. La ville était le foyer d’une culture importante, avec ces éléments  
venus d’Al-Andalus musulmane. Plus encore que Fès et Salé, c’était un des bastions en effet de la culture moudejar. Elle a été transmise dans la musique, dans les éléments de la cuisine, dans les vêtements, les arts décoratifs, et les  
broderies, notamment.

 

Mais comme le veut souvent la loi politique et sociale de ces ascensions des grandes familles, toujours la chute arrive après la prospérité ; et le pouvoir va échapper à cette famille. Va alors commencer une période obscure de disputes pour la possession de ce pouvoir.

 

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Modifié en dernier lieu le 2.05.2005